Galoper sur un cheval fou

Vous connaissez peut-être cette histoire zen que l’on raconte au sujet d’un homme et d’un cheval. Le cheval galope à toute allure et, de toute évidence, l’homme à cheval semble se rendre à un endroit important. Un autre homme se tenant au bord de la route lui crie : « Où vas-tu ? et le premier homme lui répond : « Je ne sais pas. Demandez au cheval. »

C’est aussi notre histoire. Souvent nous sommes emportés : nous ne savons pas où nous allons et nous ne pouvons pas arrêter le cheval.

Ce cheval est notre énergie d’habitude qui nous pousse en avant, malgré nous. Nous passons notre temps à courir sans savoir où nous courrons et c’est devenu une habitude.

Lorsqu’une émotion s’empare de nous, nous sommes emportés. Lorsque le doute se présente nous abandonnons le chemin que nous avions choisi. Lorsque notre attention est attirée à droite et à gauche nous oublions notre intention première.

Comment peut-on mettre fin à cet état d’agitation ? Comment peut-on cesser d’être gouverné par notre peur, notre rage, ou notre désir immédiat ?

Nous devons apprendre l’art de nous arrêter. Nous avons besoin de la pleine conscience pour reconnaître et apporter notre présence à notre énergie d’habitude afin de stopper cette course sans but.

Avec la pleine conscience, nous avons la capacité de reconnaître l’énergie d’habitude chaque fois qu’elle se manifeste. « Bonjour, mon énergie d’habitude, je sais que tu es là ! »

Reconnaître : si l’on est en colère, on dit : « Je sais que la colère est en moi ».

Accepter : si l’on est en colère, on ne le nie pas. On accepte ce qui est présent.

Quand on reconnaît et on accepte notre émotion, elle perdra déjà beaucoup de son pouvoir sur nous. La pleine conscience est l’énergie qui nous permet de reconnaître notre énergie d’habitude et de l’empêcher de nous dominer.

Après seulement vient le véritable calme.

Comme un caillou lancé dans la rivière. Le caillou se laisse immerger lentement et atteint le lit de la rivière sans effort. Une fois qu’il a atteint le fond, le caillou ne bouge plus et laisse couler l’eau. Quand nous pratiquons la méditation assise, nous reposons comme ce caillou. Nous pouvons nous laisser reposer naturellement dans la posture et demeurer sans effort. Nous apprenons l’art de nous reposer.

En faisant ce cadeau à notre corps, à nos émotions et à notre mental, nous nous ouvrons à une possibilité immense de compréhension, de bienveillance et de guérison envers nous-mêmes.

Adapté de THICH NHAT HANH. – Le Cœur des enseignements du Bouddha : Les quatre nobles vérités, le noble sentier des huits pratiques justes et autres enseignements fondamentaux du bouddhisme. – Paris, éditions de La Table Ronde, 2000.