Quoi que nous vivions, nous pouvons toujours distinguer au moins deux niveaux de conscience : l’expérience que je fais, et le discours sur l’expérience que je fais.

Quand je termine ma journée de travail un soir de pluie, une partie de mon esprit peut tenir ce discours : «  je n’ai pas été très bon aujourd’hui. C’est fou comme j’ai eu du mal a exprimer les choses simplement, J’espère ne pas avoir déçu cette femme avec mes réponses confuses, que va-t-elle penser de moi. Et personne ne m’avait prévenu en plus, c’est toujours la même chose. Il pleut et j’en ai au moins pour dix minutes, je vais être trempé! De quoi vais-je avoir l’air en arrivant ? Zut, je viens de me cogner à cette marche que je n’avais même pas vue ! Imbécile, ça va encore me faire un bleu… »

Une autre partie de mon esprit produira une perception toute différente de la même situation :

Des gouttes d’eau me rafraîchissent le visage – sensation de ruissellement sur ma peau. Mon pied droit frappe le sol mouillé et ça fait « Splash » ! Ce parfum d’herbe et de terre mouillée me remplit les narines. Maintenant je cours pour ne pas me mouiller et je frissonne – tiens, ça me fait sourire. Souvenirs d’enfance ! Ma respiration suit le rythme du vent et je suis en lui. Je suis aussi la pluie. Tout mon être se mélange à la pluie et au vent. Ah ! Ah !

Ces deux deux formes de conscience co-existent en nous, que l’on pourrait appeler conscience analytique et conscience intuitive.

La conscience analytique ne fonctionne qu’en évaluant, en mesurant et en comparant ce que nous percevons. Elle le fait pour nous permettre de nous repérer dans l’espace, dans le temps, mais elle évalue aussi de la même manière nos relations, ce que nous croyons posséder ou pas, ce que nous devrions être ou ce que nous devrions faire, en se servant de repères hérités de l’éducation, de nos expériences de vie, ou de nos croyances personnelles.

La conscience intuitive, au contraire est une connaissance directe et immédiate de ce qui est vrai dans l’instant. Elle se manifeste par une perception spontanée et poétique, une connaissance non-analytique du monde. La conscience intuitive nous permet d’être dans l’expérience de qui nous sommes : notre « moi » vivant, toujours renouvelé. C’est cette conscience que nous explorons dans notre méditation.

Nous avons bien sûr besoin de notre conscience analytique pour vivre et évoluer en société, Malheureusement, notre culture a fait que la conscience analytique s’est sur-développée au détriment de la conscience intuitive, entraînant des excès de jugements sur nous même ou les autres, avec son cortège de stress et de réactions violentes.

C’est pourquoi nous mettons plus particulièrement notre effort à re-découvrir cette part qui nous permet de réinvestir le présent, où nous redevenons des êtres libres et conscients.

Inspiré de « 3 clés pour vaincre les pires épreuves de la vie » – Dr Jean-Jacques Charbonnier – édition Guy Tredaniel