Notre comportement habituel, il ne peut en être autrement, est fait d’attraction et de répulsion, du «j’aime» et du «je n’aime pas», du « je veux» comme du «je ne veux pas », toujours par rapport à moi; et c’est cette tension entre désir et répulsion que nous cherchons à dépasser pour découvrir la tranquillité de la Conscience en elle-même.

Toutes sortes de mouvements plus ou moins conscients, vont se découvrir dans notre pratique, tels que l’avidité et le désir de réussir. « J’ai une revanche à prendre; je ne suis pas content de qui je suis, ou du monde dans lequel je vis… »

Des dizaines de motivations peuvent intervenir qui sont souvent l’expression de nos peurs et de nos fragilités. Et si nous n’y prenions pas garde, notre pratique se réduirait encore à une course vers une image de moi que je poursuis…

Si  nous voulons « réussir notre méditation », réussir à devenir quoi que ce soi que nous projetons devant nous, nous allons rester sur place avec toutes ces bonnes intentions et le monde va être divisé en deux : ce qui favorise notre méditation, ou ce que nous appellerons une méditation réussie, et ce qui vient perturber notre méditation, ou ce que nous appelons une méditation ratée.

La méditation est un silence, une ouverture, une acceptation.

Autrement dit, le maître mot de la méditation, c’est une fois encore le mot OUI.

Pendant trop longtemps j’ai médité à partir du NON : non aux associations d’idées, non aux contractions musculaires, non à ma faiblesse, non à tout ce que j’étais et n’étais pas, au nom de ce que j’aspirais à être.

Engagés dans cette direction, nous ne sortirons jamais de notre prison. C’est le mental qui veut dépasser le mental, c’est l’ego qui veut effacer l’ego, autrement dit : une impasse. Il n’y a pas de tranquillité qui ne soit pas lié au OUI. Sentez-le, faites en l’expérience.

Nous ne méditons jamais CONTRE… contre notre médiocrité, contre notre sentiment d’infériorité, contre notre non-libération. Nous ne méditons jamais contre quoi que ce soit, même contre les distractions.

Et… nous ne méditons jamais POUR, c’est-à-dire un but dans le futur: pour ma libération, pour ma sagesse. Pour implique toujours une dualité: « Je ne suis pas sage, je veux être sage; je veux avoir une grande expérience de sagesse. »

Nous ne méditons ni CONTRE ni POUR parce que cela implique une tension qui nous coupe en deux. Ni contre, ni pour… juste être. Silence. Et, pour commencer, l’acceptation de ce qui nous apparaît comme décevant, non souhaité – mais qui est, ici et maintenant.

Je sais que ce n’est pas facile.  Nous devons tâtonner. Mais au moins entendons-le. Ne nous engageons pas muni d’une carte fausse et d’une boussole fausse dans une direction fausse.

Ce vers quoi nous allons, c’est la conscience pure, infinie, non conditionnée, bien avant qu’apparaissent les catégories du temps, de l’espace et de la causalité. Juste être ce que je suis !

Avant les tensions, avant les contradictions, avant l’opposition du « j’aime » et du « je n’aime pas », avant l’attraction et la répulsion, il y a une expérience directe sans intention.

Normal, naturel – souvenez-vous de ces mots – et c’est tout le reste qui est en trop. Lâchez, lâchez prise. Complet relâchement de toutes les tensions physiques, émotionnelles et mentales, comme on relâche une crispation.

Dans le lâcher-prise, la détente, l’ouverture, une révélation se produit comme une évidence. Elle vous sera donnée comme une grâce.

Plus de mental, plus d’ego, plus d’efforts, plus de désirs, plus de mouvements. Un étang a été agité par le vent, puis le vent tombe et l’étang redevient une surface lisse comme un miroir.

D’après Arnaud Desjardins – Approches de la méditation.